Benjamin Poulanges
Biographie
Plasticien, peintre, céramiste, designer et scénographe Benjamin Poulanges développe une œuvre polymorphe où la matière, le geste, la couleur et les volumes se rencontrent dans un langage instinctif et maîtrisé. Formé à l’architecture d’intérieur et au design, il débute aux côtés d’Hilton McConnico avant de fonder en 2007 le Studio Poulanges, dédié à la scénographie et à la création d’expériences pour les maisons de luxe. Ce travail nourrit en parallèle une démarche artistique autonome, centrée sur l’expérimentation des matières, les effets de surface et le développement d’un langage abstrait propre.
L’initiation à la céramique commence en 2016, lorsqu’il est invité par la manufacture Rometti, près de Rome. Il y découvre un matériau exigeant, qui impose un geste immédiat, sans repentir et ouvre un territoire inédit au sein de sa pratique. Travaillant l’argile verte de San Sepolcro, utilisée depuis l’époque étrusque, il travaille textures et contrastes où peinture et céramique ne font plus qu’un.
En 2018, il crée son premier corpus de pièces : la série Orage, aujourd’hui considérée comme fondatrice de son lien avec la céramique. Une énergie brute et une relation instinctive et sensorielle aux couleurs et aux textures émane de cette première série de quinze pièces. Ses sculptures-céramiques aux formes instables mais ancrées, aux surfaces striées de noirs, blancs et bleus cobalt, évoquent des ciels menaçants ou apaisés. Orage synthétise déjà ce qui deviendra la signature de l’artiste : un rythme, une matière expressive, une tension entre chaos et apaisement.
L’artiste réalise ensuite la série Origine en 2022, née de la place fondatrice qu’occupe la peinture dans son parcours et de son désir constant de balayer les codes. Cette collection, qui réunit céramiques aux formes antiques, toiles abstraites et pièces de mobilier d’art, explore une tension fertile entre racines et réinvention, mouvements ancestraux et volonté de sortir du cadre. Il y déploie une touche à la fois libre et maîtrisée, où noirs, blancs et bleus se répondent et se révèlent, tandis que le grenat et l’orange apportent une chaleur vibrante qui s’oppose et répond aux nuances plus froides de la palette.
Dans ce même élan, l’artiste étend son langage à la création de mobilier, mêlant œuvre plastique et fonction, notamment à travers des tables d’appoint dont les plateaux en céramique peints prolongent son geste. Inspirées par un design classique, ses pièces sont réécrites dans une approche résolument contemporaine, affirmant la continuité naturelle entre ses différentes pratiques.
En 2024, la série Ancêtres introduit pour la première fois le figuratif dans sa production abstraite. Sans réelle figuration, ces silhouettes ouvertes invitent le spectateur à projeter le visage ou la mémoire de son choix. Trois toiles et cinq céramiques composent cette série où l’abstraction s’humanise sans perdre son mystère. Parallèlement, il initie une collaboration textile, notamment avec la manufacture Pinton, grâce à laquelle naîtra le tapis Aurore, fidèle à son style pictural.
En 2025, Benjamin Poulanges crée la série Châteaux de sable et la série Rainbow, ensembles de sculptures en céramique qui revisitent les architectures fragiles et ludiques de l’enfance. Solides mais empreintes de légèreté, les Châteaux de sable réactivent la mémoire du jeu, la construction du rêve et ces gestes qui façonnent en silence notre manière de grandir : mains dans le sable, doigts mouillés, tours qui s’effondrent. Les Rainbow nous ramènent, quant à eux, à un autre souvenir d’enfance : l’image de la friandise acidulée.
Chaque sculpture devient ainsi un fragment d’un monde intérieur, suspendu dans un espace intemporel, comme les traces persistantes d’un imaginaire enfantin où l’on bâtit pour rêver sans penser à demain. Avec ces deux séries, l’artiste poursuit son exploration des formes mémorielles et de la part intime du geste créatif.
Aujourd’hui, Benjamin Poulanges s’affirme comme un plasticien, pour qui peinture, céramique, et mobilier forment un langage commun. Son œuvre interroge ce qui demeure et ce qui s’efface, ce qui se superpose, renaît ou se transforme, grâce à la matière et à l’émotion.
